Tout commence avec Leslie…, Tout finit par un abrazo devant el mediodia
Samedi 13 octobre 2018 au soir, je lis tranquillement allongé dans mon canapé ; la notification d’un message par sms du ministère des affaires extérieures perturbe à peine le calme paisible de la nuit et finit par attirer mon attention, puis c’est la stupéfaction. Le « Short Message Service » annonce que la tempête Leslie devient tropicale et qu’elle frappera la péninsule ibérique à partir de dimanche en déclenchant des pluies diluviennes accompagnées de vents soufflant à plus de cent kilomètres à l’heure !… ¡Hombre ! Quatre-vingt élèves de première du lycée et leurs six accompagnateurs doivent rejoindre Madrid pour un périple géographique et culturel d’une semaine à partir du lundi 15 octobre… ¡Buena noche amigos !
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Par chance, les nouvelles de la météo sont plus rassurantes à partir du dimanche : c’est la Catalogne, qui finalement et malheureusement, doit être la plus touchée (Barcelone fut un temps la destination envisagée… ¡Qué suerte para nosotros !). Pourtant, la tension retombe à peine le matin du départ. Nos deux chauffeurs, Alberto et Gonzalo, sont, en effet, retardés par un contrôle de routine à la frontière puis ils goûtent aux joies des bouchons de la côte basque…
Une heure de retard sur l’horaire prévu initialement. Mmes Damestoy et Etchepare, responsables du voyage, parcourent la place du lycée en mode « vénère », l’oreille collée au téléphone. Les élèves sont tous là, ponctuels et beaucoup plus détendus ; ils ne s’en départiront pas jusqu’à l’heure du retour.
Les deux autobus bleus « Pastor » arrivent enfin. Une cohorte de jeunes investit les deux véhicules dans la bonne humeur, nounours et oreillers dans les bras. ¡Adelante y buen viaje ! Nous quittons bientôt le pays basque pour nous diriger vers Burgos et nous y restaurer. Le dépaysement commence ensuite : de grandes lignes droites d’autoroute traversent des paysages plus arides, des massifs montagneux de roches de granit se dressent autour de nous. On peut distinguer des murets de pierre grise arrachés à la nature par l’homme pour délimiter les espaces de pâturages ou les « fincas », espaces d’habitat traditionnel des taureaux. Puis des champs d’éoliennes bordent la route comme pour nous saluer ; elles ne manqueraient pas d’entraîner définitivement l’imaginaire Don Quichotte de Cervantès vers la folie.
Notre convoi regagne la capitale madrilène en fin de journée, quelques gouttes perturbent à peine la visite guidée de la ville. Le palacio real, demeure royale, se dresse majestueusement devant le parc de l’oriente, la cathédrale Almudena ne peut trahir les origines maures (arabes) de la cité, le marché San Miguel, célèbre pour ses tapas dévoile son architecture ancienne… La plaza Mayor, la puerta del Sol et surtout l’ambiance madrilène, l’art de vivre espagnol, le paséo. Il fait bon vivre.
En fin de journée, les élèves rejoignent les familles devant la tristement célèbre gare « Atocha » (durement éprouvée par les attentats de 2004).
Le mardi 16 Octobre, le groupe part à Colmenar de Arroyo et se rend dans une « finca » où des passionés de corridas, réunis en association, élèvent des taureaux de combat. Les plus lourds pèsent neuf cents kilos. Et nous voilà tous montés dans une cariole tirée par un tracteur conduit par un « agent de sécurité » surnommé « Poli » ! (de POLIcia). « Poliiii, a la derecha ! » « Poliiiii, adelante ! » ; le trajet est chaotique. Nous approchons les bêtes sauvages par à coups, non sans quelques appréhensions, avec des explications aussi impressionnantes qu’intéressantes sur la puissance des bêtes ou leur diversité de caractère au combat. Pourvu que personne ne fasse tomber son portable ou son appareil photo par terre…
De retour à Madrid, la visite en bus nous permet d’approcher le nouveau centre des affaires de la capitale avant de regagner le parc « buen retiro » espace de verdure en plein centre de la capitale. Malgré la fatigue, les élèves se ruent vers le parc et ses attractions (ex : les embarcations du lac). Au moment du rassemblement avant le retour dans les familles, les noms choisis par les groupes retentissent dans le parc : « Los Txipirones ! les belettes !… ». Les passants madrilènes sont amusés par tant d’entrain.
Le mercredi 17 Octobre est placé sous le signe des « arts » : en effet les élèves se rendent au musée national du Prado où ils découvrent ou redécouvrent des œuvres majeures du Titien (portrait de Charles Quint), de Goya (dos y tres de Mayo) ou du Greco ; la grandiosité des œuvres et la précision des peintres (« certains portraits ressemblent à des photographies » fait remarquer une élève) ne laissent personne indifférent (https://www.museodelprado.es).
La visite du stade Santiago Bernabeu rapproche les jeunes de leurs idoles footballistiques (https://www.realmadrid.com). Ils pénètrent dans l’enceinte de ce stade mythique du Real de Madrid, club le plus titré d’Europe. La galerie des trophées est interminable. Après avoir gravi quatre étages, nous voici dans les tribunes des socios, c’est grandiose… Le parcours permet de retrouver les joueurs qui ont écrit la légende du club : Di stefano, Kopa, mais surtout Zidane ou Ronaldo. Puis le rêve de tout aficionado se réalise, on s’approche de la pelouse, de la « moquette », le banc de touches, une photographie pour la postérité, les vestiaires avec le nom de chaque joueur… On sort de là, un peu, déboussolé(e)s… Alberto et Gonzalo, nos chauffeurs ne nous comprennent pas, Gonzalo ne manque pas, ce jour-là, d’arborer fièrement son maillot de l’Atletic de Bilbao !
Jeudi 18 octobre, la journée commence par la leçon culinaire de Pilar et de son assistante dans la escuela de cocina « apetit’oh » (https://www.apetitoh.com). Un défi : cuisiner un repas espagnol en une heure et demie : gazpacho et tortillas en entrée, paëlla aux fruits de mer, gâteau à la cannelle au dessert. Un top chef en accéléré… Et c’est parti, petite leçon de vocabulaire culinaire, tout le monde se met à la tâche… C’est un régal à l’arrivée. Même si cela ne vaut pas un bon burger king pour certains !
Plus tard, la visite du musée de la Reina Sofia (www.museoreinasofia.es) nous permet d’aborder les œuvres plus contemporaines de Luis Buñuel, Picasso, Juan Gris ou de Dalí… Les vrais… à l’image du monumental Guernica. Les élèves en visite libre découvrent ces œuvres (films, sculptures, peintures) grâce à un questionnaire réalisé pour les guider.
La journée se termine par un dernier quartier libre dans la capitale. Dernières emplettes, derniers souvenirs. Dernières bouffées d’ambiance madrilène. Le retour du vendredi démarre avec les adieux aux familles, des abrazos devant l’hôtel Mediodia.
Nous prenons la route au petit jour ; quelques heures plus tard, nous effectuons une pause ponctuelle sur la plaza mayor de Valladolid, dernières recherches culturelles… Puis nous remontons dans le bus direction Ustaritz. La fatigue se fait sentir dans les rangs, les tournois de mus s’enchaînent dans les bus, quelques chants… Le trajet est finalement plus court. Tout notre petit monde est bien content de rejoindre la maison. Avons-nous vraiment quitté Madrid ? Beaucoup de souvenirs nous accompagnent désormais. Madrid for ever !